Compte-rendu de la journée départementale du 49

Le lundi 11 décembre dernier était organisée, au lycée polyvalent Europe Schuman à Cholet, la Journée départementale des professeur.e.s documentalistes du Maine-et-Loire. Une cinquantaine de professeur.e.s documentalistes étaient présent.e.s pour échanger, le matin, avec les IPR-EVS présents et pour assister, l’après-midi, à une conférence de Cédric Fluckiger, didacticien de l’informatique.

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Présentation des différentes JRL :

Lors de cette journée, un premier temps était prévu pour les différents groupes des Journées de Rencontres Locales (JRL). Les IPR-EVS ont souligné l’importance de cette communication. Les JRL sont en effet un temps d’échanges et de réflexion important pour les professeur.e.s documentalistes de l’académie. Chaque groupe a ainsi pu exposer ses thèmes de travail pour l’année.

L’inscription à ces JRL s’effectuait jusqu’à maintenant sur Caraïbes. Cet outil ne sera bientôt plus utilisé. 

Les inspecteurs ont insisté pour que soient publiés, dans l’espace Documentation du site académique, les travaux réalisés par les différents groupes (construction de séquences, outils créés, comptes-rendus de nos échanges…). Les JRL sont des lieux de production et de mutualisation.

Pour information, les frais de déplacement pour les JRL seront désormais pris en charge.

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Présentation du GTA :

Les membres du GTA, qui représentent les collègues pour le 49, se sont présentés (Marie Ligonnière pour les collèges, Ivana Ballarini pour les lycées et Cédric Bégeault pour les LP) et sont également revenus sur les missions du Groupe Technique Académique. Ils ont explicités les travaux en cours : révision du protocole d’inspection avec une clarification des items, mise en place des stages PAF…

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Présentation de l’APDEN Nantes :

Un temps de parole a ensuite été donné à l’APDEN Nantes. Après un bref retour sur les objectifs, dossiers défendus et actions réalisées par l’APDEN nationale, puis par l’association locale, nous avons souhaité échanger sur l’actualité vive de notre profession : le projet de circulaire de mission. L’analyse proposée par l’APDEN de la  deuxième version du projet ainsi qu’un exemplaire de la « Circulaire construite par la profession » ont été distribués avant le temps d’échanges avec les inspecteurs.

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Echanges  avec l’inspection :

Les IPR-EVS sont tout d’abord  revenus sur le changement des modalités d’inscription pour cette journée départementale qui a eu pour conséquence la baisse des participants. Les Journées Départementales ont failli être supprimées. En effet, selon les inspecteurs, elles coûtent cher mais restent cependant très intéressantes pour les professeur.e.s documentalistes. Pour réduire les frais, la solution adoptée a été d’en faire  « une journée conférence » sur inscription. En revanche, ce changement  a réduit d’une journée les possibilités d’inscription à d’autres stages PAF.

Nous sommes ensuite revenus sur le projet de circulaire de mission : qui fait partie du groupe de travail sur la circulaire ? L‘un des IPR-EVS a précisé que l’inspection générale n’assistait pas aux premières réunions de travail auxquelles participent le cabinet de la ministre et les syndicats. Une discussion aura cependant lieu, le 20 janvier 2017, entre tous les IPR-EVS pour échanger sur cette question. L’inspecteur présent a tenu à rappeler à quel point M. Reverchon-Billot, IGENEVS, défendait notre profession. 

Nous avons également interrogé les IPR sur un probable changement d’appellation pour le CDI. Pour eux, il ne s’agirait que de rumeurs1. 

Nous avons aussi fait part de notre étonnement quant à la disparition du professeur documentaliste et de la documentation dans le « Document d’accompagnement pour l’évaluation des acquis du socle commun de connaissances, de compétences et de culture » d’Eduscol. Cela est lié au fait que l’entrée soit disciplinaire, ce qui est étrange à l’heure de l’école du socle et de la transversalité. L’inspecteur le regrette mais précise que revendiquer une discipline, c’est un combat d’arrière-garde aujourd’hui et qu’il faut faire attention à ne pas se tromper de combat. Il a également souligné l’importance du rapprochement CPE/professeur documentaliste. C’est pourquoi a été rédigée, cette année, une lettre de rentrée commune. Le corps des inspecteurs est lui aussi amené à évoluer vers davantage de transversalité et de polyvalence. La création d’un corps d’inspection Documentation n’est donc pas à l’ordre du jour… 

Au sujet des formations PAF, les IPR ont été interrogés sur le choix des thématiques. Les échanges se font d’abord en GTA mais c’est bien le DAFPEN qui est décideur et qui valide le choix des formations chaque année.

Par ailleurs, avec deux réunions par an seulement, il est difficile de faire évoluer le GTA.

En ce qui concerne les inspections, les échelons 6 et 8 constituent des priorités pour 2016/2017.

Les professeur.e.s documentalistes présent.e.s se sont globalement exprimés sur les inégalités statutaires qui demeurent sur le décompte des heures, l’ISOE ou encore l’impossibilité de faire des heures supplémentaires. Les inspecteurs ont pris note.

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Conférence de Cédric Fluckiger :

« A la convergence entre info-doc et informatique/numérique : quels contenus, quel enseignement ? »

Cédric Fluckiger est didacticien de l’informatique à l’Université Lille 3. Il souhaite apporter un point de vue et susciter nos interrogations, grâce à un regard croisé sur nos deux « disciplines » (informatique et documentation). Il tient à défendre la légitimité de nos contenus, et la convergence entre documentation, EMI, informatique, et l’existence d’un discours commun : la culture numérique.

En tant que didacticien-chercheur, il a une responsabilité intellectuelle vis-à-vis des contenus d’enseignement. Il cherche à savoir quels peuvent être ces contenus, et quels sont les différents sens des apprentissages pour les élèves.

Il a souligné l’importance pour la documentation d’avoir un corps de certifiés dans l’école, et des associations professionnelles actives. Pour l’informatique, il n’y a pas de professeurs, et le dernier colloque des didacticiens de l’informatique a eu lieu en 1996…

La question de la programmation était alors à l’ordre du jour, on voit qu’elle l’est toujours, notamment dans son schéma instruction/traitement/résultat, mais aujourd’hui ce schéma est masqué par les applications. Celles-ci ont tellement simplifié les utilisations (du moins en apparence) qu’on peut se demander pourquoi enseigner aujourd’hui  la programmation ?  Cette question est au contraire très importante maintenant pour comprendre les enjeux sociétaux comme la question des logiciels libres, ou encore les notions de client/serveur liées aux différences entre streaming et téléchargement, et les questions de droit qui en découlent.

Il existe une culture de l’informatique, domaine qui semble à nouveau pris en compte par l’institution.

La didactique s’intéresse à la nature épistémologique du savoir à enseigner. L’informatique est à la fois une science, mais aussi des usages, l’utilisation de cette science, et enfin un ensemble d’outils, c’est-à-dire une technologie.

Ces trois aspects sont à enseigner.

L’utilisation du mot « numérique » dans les programmes est problématique. En effet, il  supplante « informatique », avec une permutation au fil des années, et globalement un manque de vocabulaire précis (NTIC, TIC, TUIC, etc).

Les points de convergence entre les « disciplines » information-documentation et informatique :

Rappel : le mot « informatique » est un néologisme construit à partir des mots « information » et « automatique ».

– L’ancienneté (de la discipline scolaire en parallèle de la discipline universitaire)

– Le poids institutionnel réduit (pas d’inscription dans les emplois du temps)

– La légitimité : les savoirs scolaires n’ont pas à être légitimés par les usages extrascolaires, comme ils n’ont pas à être immédiatement utilisés par les élèves. Veut-on former un futur citoyen ou un élève ? Il faut réfléchir pour le citoyen futur, et ses besoins en terme de savoirs, et non pas de compétences.

– L’autonomie et l’ancilarité : l’informatique est une discipline « de service », elle n’est pas une réelle discipline autonome. L’exemple du B2i l’a bien montré : c’est un référentiel qui poursuit toujours deux apprentissages à la fois puisque l’apprentissage en informatique est toujours envisagé comme au service d’un apprentissage dans une autre discipline. D’autre part, il ne prévoit qu’une évaluation certificative, et pas d’enseignement.

– Le manque d’examens : la présence d’un examen joue un rôle-clé dans la disciplinarisation.

– les pratiques des élèves : quelles relations doivent-elles avoir avec l’enseignement ?

– L »image », les représentations : pour l’élève, l’informatique est une discipline d’actions. Ce n’est pas une matière comme les autres mais « on apprend ». 

Conclusion : quel enseignement défendre ?

On peut dégager trois tendances, ou tentations :

1) La discipline :

La discipline est une manière de construire le réel avec un ensemble de contenus et des outils, avec des finalités éducatives. Se développent des « éducations à », transversales qui obligent les élèves à croiser les connaissances ce qui n’est pas plus aisé. Il n’est pas facile de rajouter des disciplines au programme déjà bien chargé des élèves.

2) L’entrée par les compétences :

Avec une entrée par compétences, le risque est donc de se faire instrumentaliser par les autres disciplines. Les « éducations à » répondent à des attentes sociales très pragmatiques, cela interroge les finalités de l’éducation : apprendre pour tout de suite, ou apprendre pour du long terme ? D’autre part, la transversalité ne garantit pas que l’élève puisse saisir le sens de son apprentissage.

3) La culture :

Un enseignement pour une « culture informatique », au sens de la « définition de combat pour la notion de culture » de Martinand, c’est-à-dire « une technicité valorisée et partagée », comme la culture classique, est le chemin qu’il faudrait prendre. Elle articulerait une familiarité pratique avec les outils, la mesure de la diversité du monde pour une lecture complexe du monde, l’inscription dans un patrimoine universel, et permettrait au futur citoyen d’interpeller les experts.

Un échange a eu lieu ensuite avec la salle, au cours duquel Cédric Fluckiger a été remercié pour la pertinence de ses propos au regard des questions débattues le matin, et pour l’éclairage très précieux des liens entre « culture informatique » et » culture informationnelle » et leurs difficultés actuelles à être réellement enseignées à l’école.

Il a pu préciser certains points, notamment la différence entre innovation technologique et innovation pédagogique, en présentant un de ses travaux de recherche sur l’utilisation du Tableau Interactif dans les écoles primaires, qui avait permis d’aboutir à la conclusion que cet outil, bien loin des idées reçues, renforçait la pédagogie transmissive et l’utilisation des manuels scolaires… 

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Agnès LE DEM et Anaïs HANSE, interlocutrices APDEN Nantes pour le 49.

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1  : La question posée dans la salle s’appuyait sur l’information suivante : « Le prochain groupe de travail est prévu le mercredi 11 janvier. A l’ordre du jour figure une proposition de réflexion sur l’appellation CDI, proposée par M. Reverchon-Billot IGEN-EVS. » in http://www.sgencfdt-paris.fr/index.php/item/470-troisieme-groupe-de-travail-ministeriel-sur-la-circulaire-de-missions-des-documentalistes