Retour sur la rencontre avec les IA IPR EVS – 10 janvier 2019 au rectorat de Nantes
Le jeudi 10 janvier 2019, l’APDEN Nantes, représentée par quatre de ses membres, a rencontré les trois inspectrices académiques IPR EVS. Cette rencontre, sollicitée par l’association depuis deux ans, avait pour objectifs de mieux identifier les orientations de l’inspection, sa représentation du métier, et d’initier un échange sur la mise en place de notre nouveau cadre réglementaire (la circulaire de missions de mars 2017, le décret ORS de 2014 et le référentiel de compétences de 2013) au sein de l’Académie de Nantes, afin de repérer les éventuels points de divergence.
Nous vous transmettons ci-dessous les grandes lignes des sujets abordés pendant cet entretien, accompagnées de nos analyses.
Nous avons ouvert la rencontre par une présentation de l’association, ses orientations et des actions réalisées en 2018. Nous avons également évoqué le prochain Congrès National qui se déroulera à Grenoble du 22 au 24 mars sur le thème de la publication et invité les inspectrices à relayer l’information auprès des chef.fes d’établissement. Depuis, un courrier a bien été transmis pour faciliter la participation des professeur.es documentalistes de l’académie.
1) Un panorama de la profession dans l’académie
Afin de mieux cerner leur mission auprès de la profession, nous avons demandé aux inspectrices de nous faire part des points positifs et négatifs qu’elles avaient pu repérer sur le terrain depuis leurs prises de fonction.
Elles notent un manque de formation en didactique et en EMI, qui sera en partie comblé par les formations de bassin prévues l’année prochaine. Nous soulignons que c’est un aussi un besoin exprimé par les professeur.es documentalistes dans l’académie qui regrettent la disparition des journées départementales et la réorganisation des Journées de Rencontres Locales. Selon l’inspection, l’organisation de conférences n’est pas assez formative pour les collègues, insuffisantes voire inutiles si elles ne sont pas accompagnées.
→ Nous pensons au contraire que c’est en se construisant une culture informationnelle commune, notamment par la rencontre avec des chercheurs et chercheuses, que l’ensemble des collègues pourront se professionnaliser et avoir le désir de se former en didactique. Les conférences sont donc complémentaires des Journées de Rencontres Locales et de la formation continue.
D’autre part, les inspectrices souhaiteraient que les professeur.es documentalistes impulsent le volet numérique dans les établissements scolaires. Notre rôle, selon elles, est de conseiller, de questionner les pratiques et de permettre l’accès aux ressources numériques. Les inspectrices s’interrogent alors sur le peu d’implication du/de la professeur.e documentaliste sur ce point. Elles demandent aux chef.fes d’établissement d’organiser des temps de réflexion et d’échanges au sein des équipes et de promouvoir la parole du/de la professeur.e documentaliste au sein de ce dispositif. Lors de cet échange nous avons aussi abordé les sujets du GAR et de la RGPD, questions fondamentales selon elles. Pour les IPR, les professeur.es documentalistes ont toute l’expertise nécessaire dans ce domaine : le porter à la connaissance des collègues dans le cadre de la politique documentaire, réfléchir ensemble aux manières de se protéger et de former les élèves sur ces questions.
→ Au regard de notre cadre réglementaire, nous estimons ne pas devoir être les conseiller.es numériques de nos collègues. La mise en place d’un volet numérique relève de l’ensemble de l’équipe éducative, et davantage du rôle du/de la RUPN (qui touche une indemnité pour cela), avec qui nous travaillons en collaboration, que du nôtre. Nous pensons également que les professeur.es documentalistes ont, grâce à leur expertise dans ce domaine, un regard informé et critique à porter sur la place du numérique dans l’école.
L’inspection constate qu’une minorité de professeur.es documentalistes s’impliquent dans les parcours et plus particulièrement dans l’éducation à l’orientation. Elles affirment qu’avoir un kiosque ONISEP n’est pas suffisant.
→ La manière dont les professeur.es documentalistes répondent à la demande institutionnelle en matière d’éducation à l’orientation relève de leur liberté pédagogique, et de l’organisation de l’équilibrage entre leurs différentes missions. Nous pensons que l’éducation à l’orientation peut permettre d’enseigner des notions info-documentaires.
Les IPR regrettent que peu de collègues prennent part à l’évaluation des élèves, notamment celle des compétences transversales du socle, et qu’ils.elles sont souvent absent.es des conseils de classe. Elles sont conscientes des freins institutionnels. L’évaluation est à investir et elles œuvrent dans ce sens auprès des chef.fes d’établissement. Selon elles, si les professeur.es documentalistes apparaissent dans l’emploi du temps des élèves, une ligne dans le bulletin scolaire doit être ouverte. Elles soutiennent cette demande auprès des chef.fes d’établissement.
→ Cette question de l’évaluation nous apparaît importante. Cependant, elle ne doit pas se limiter aux compétences transversales mais est avant tout liée à la mise en place d’une progression en information-documentation. Rappelons d’autre part que nous ne touchons qu’une fraction de l’ISOE.
Enfin, les inspectrices ont tenu à mettre en avant les points forts suivants : la gestion du centre de ressources comme un lieu accueillant, adapté aux besoins des élèves et au cœur de la vie de l’établissement, le travail en collaboration avec les CPE, l’investissement des collègues dans les projets transversaux et les multiples actions en faveur du développement de la lecture.
Pour finir, elles observent que les conflits sont rares entre personnels de direction, CPE et professeur.es documentalistes, et elles nous font part de leur mission d’accompagnement et de médiation. Même si la coopération avec la vie scolaire leur semble importante, elles précisent bien que le CDI n’est en aucun cas une salle de permanence.
2) La mission d’enseignement au sein du nouveau cadre réglementaire
Nous avons interrogé les IPR sur les moyens déployés pour accompagner la mise en œuvre de notre nouveau cadre réglementaire et plus particulièrement notre mission d’enseignement. Les inspectrices indiquent qu’elles n’ont pas communiqué autour de la nouvelle circulaire de missions auprès des chef.fes d’établissements à l’exception des établissements où se trouvent des stagiaires.
Nous les questionnons ensuite sur l’application du décret n°2014 -940 du 20 août 2014 relatif aux obligations de service et aux missions des personnels enseignant.es exerçant dans un établissement public d’enseignement du second degré. Nous soulignons la difficulté des professeur.es documentalistes dans leurs établissements face à ce décret. Elles précisent le positionnement académique qui est de 30 heures + 6 heures et qui sous-entend une négociation locale, directe avec les principaux et proviseurs qui ont le dernier mot. Elles indiquent que peu de désaccords leur ont été remontés à ce sujet.
Bien que la circulaire n°2017-051 du 23 mars 2017 réaffirme notre rôle d’enseignant.es (« ils forment tous les élèves à l’information-documentation »), nous constatons une baisse très inquiétante du nombre de postes aux concours depuis plusieurs années. Nous interrogeons donc les inspectrices sur la question du recrutement, et du nombre de postes, par établissement dans l’académie. Les inspectrices ont conscience des difficultés rencontrées par certain.es professeur.es documentalistes qui sont seul.es dans des établissements de taille très variable. Elles précisent qu’un choix académique fixe à 1 le nombre de poste minimum par établissement, quelque soit le nombre d’élèves. Les inspectrices expliquent que les autres «moyens humains» possibles (aide-documentalistes) ne sont pas satisfaisants tant au niveau des postes alloués aux établissements (AED en nombre insuffisant) qu’au niveau des missions (personnels en service civique).
Dans ce contexte, nous nous interrogeons sur la faisabilité de « former tous les élèves à l’information documentation ». Nous questionnons les IPR sur le nombre d’heures d’enseignement recommandé en information-documentation. Elles se refusent à le faire. C’est de la responsabilité selon elles du/de la professeur.e documentaliste qui adapte la mise en place de cette formation au contexte de son établissement.
→ Nous notons que le mandat pédagogique des professeur.es documentalistes semble reconnu, mais regrettons qu’il soit laissé à la merci des arrangements locaux et à priori relatifs aux compétences transversales. L’enseignement de l’information-documentation paraît méconnu et considéré comme facultatif, au bon vouloir de chacun.e selon ses possibilités.
3) La formation continue
Nous avons évoqué la réforme du lycée et la nécessité d’un accompagnement pour les professeur.es documentalistes. Lors de la rencontre, les inspectrices ne disposaient que de peu d’éléments. Si les publications le nécessitent, les inspectrices se chargeront d’une formation spécifique pour les professeur.es documentalistes. Depuis, un courriel pour tous les enseignant.es a été adressé aux chef.fes d’établissement.
Nous terminons la rencontre en abordant la question des Journées de Rencontres Locales. Les inspectrices nous ont expliqué que les JRL étaient une spécificité des professeur.es documentalistes. Dans un but de normalisation (par le bas) vis-à-vis de nos collègues enseignant.es, et dans le but de développer une politique de formation à l’échelle territoriale, les JRL seront remplacées l’an prochain par des rencontres de bassin. A la rentrée 2019, tous les collègues pourront s’y inscrire (pas de limite de place) et il pourra y avoir plusieurs propositions de thèmes de travail au sein d’un même bassin, thèmes déterminés par les participant.es aux groupes, à partir des résultats de l’enquête diffusée en novembre 2018. Ainsi, durant une même journée, il sera possible d’organiser plusieurs ateliers sur des sujets différents. Pour ces rencontres, les IPR tiennent à préciser que les animateurs.trices n’ont pas de mission de formation. Cependant, ils.elles toucheront une indemnité.
Conclusion
Nous remercions les inspectrices de nous avoir accordé ce temps d’entretien. Nous retenons leur discours positif envers l’association, partenaire important selon elles.
Nous souhaitons que cette première rencontre permette d’ouvrir la possibilité d’une discussion constructive concernant le respect de notre mandat pédagogique en information-documentation, qui nécessite d’être accompagné et soutenu, de manière claire et explicite. Le besoin de formation en didactique est un constat partagé, ainsi que l’affirmation du PPCR articulé autour d’une séance pédagogique.
L’APDEN reste mobilisée, au service de la reconnaissance du métier !